article de Peter Edel le 15 Novembre 2010,

sur le site de David Livingstone [Son nouveau site]

En Turquie, Dogu Perinçek est connu en tant que leader du Parti des travailleurs [IP].

‘A plusieurs reprises, Perinçek a fait preuve de respect pour le leader du mouvement néo-eurasiste international, Alexandre Douguine.’

Alexandre Douguine – Aleksandr Gelyevich Dugin
Né à Moscou le 7 janvier 1962, est un théoricien politique russe.

En 2008, Dogu Perinçek a été arrêté et il a été soupçonné d’être membre d’Ergenekon [la définition d’après wikiped ICI].

Ergenekon est un réseau secret qui veut mettre fin au gouvernement actuel en Turquie, selon les procureurs chargés de cette affaire.

Perinçek combine kémalisme*[1] avec le marxisme.

Dogu Perinçek et photo de Mustafa Kemal Atatürk à l’arrière

Mais, il est aussi un néo-eurasiste, ce qui signifie qu’il tend vers une alliance entre la Turquie, la Russie, l’Iran et les républiques d’Asie centrale contre l’hémisphère occidental.

A plusieurs reprises, Perinçek a fait preuve de respect pour Alexandre Douguine, le leader du mouvement néo-eurasiste international.  

Dans les médias turcs, plusieurs affirmations ont été publiées sur cette personne en raison de ses contacts avec Dogu Perinçek, mais aussi parce que le journal russe Kommersant est allé jusqu’à le qualifier de leader d’Ergenekon.

Bien que Douguine a démenti cette affirmation, elle reste intéressante par rapport aux événements survenus en Turquie.

Contrairement à sa relation avec Dogu Perinçek et son nationalisme fanatique, les sources d’inspiration de Douguine n’ont pas beaucoup retenu l’attention jusqu’à présent, ce qui est dommage, car il existe des liens très intéressantes.

Des connexions qui nous amènent à se demander ce qui a poussé Dogu Perinçek à sa décision de se joindre à Douguine.

Hommage à Heydrich

Pour Alexandre Douguine le nationalisme, l’aversion à l’occident, le socialisme, le fascisme et le socialisme national vont main dans la main.

Il a contribué au programme politique du parti communiste russe nouvellement créé, mais aussi ‘prophétisé’ l’avènement du fascisme révolutionnaire en Russie.

En même temps, Douguine est l’un des plus fervents défenseurs de l’expansionnisme russe et les valeurs de la Russie tsariste.

À un moment donné, il a travaillé pour l’unité de renseignement soviétique, le KGB.

Plus tard, il a été membre fondateur du Parti National Bolchevique (NBP).

Il a combiné des sentiments du leader Eduard Limonov du parti NBP, de l’ancienne Union soviétique avec un symbolisme qui rappel celui d’Adolf Hitler.

Militante du parti national-bolchévique, avec un livre d’Edouard Limonov, “L’Autre Russie”. – Source photo: ICI

Limonov a simplement pris la croix gammée du drapeau nazi et l’a remplacé avec le marteau et la faucille soviétique.

1993 – Fondation du parti national-bolchévique avec la star du punk Égor Letov, et le philosophe Alexandre Douguine, qui quittera le parti en 1998.

Source photos ici: ICI

Finalement, Douguine tourna le dos à Limonov.

De nos jours, il y a de fortes différences entre eux, vu que Limonov est un adversaire déclaré de Vladimir Poutine, alors que Douguine est en bons termes avec le Premier ministre russe.

Mais, en dehors de leurs différences Douguine et Limonov ont beaucoup en commun, comme une fascination pour le national-socialisme.

Douguine aime à se voir comme l’héritier de “l’ordre eurasienne antique”.

Il a décrit ces questions dans “La Grande Guerre des Continents” [1992].

Selon cette propagande pour le mouvement Douguine, des éléments de l’eurasisme étaient déjà présents dans le Sicherheitsdienst (SD), le service secret du corps d’élites nazies, la SS.

Reinhard Heydrich, le tueur Juif et le chef SS, était un “Eurasiste convaincu” pour Douguine.

Il a déclaré que Heydrich est devenu victime d’une “intrigue des Atlanticides”.

Avec cet hommage à l’esprit d’Heydrich, il ne sera pas surprenant d’apprendre que Douguine a souvent été accusé d’antisémitisme, bien qu’il semble s’être éloigné de ces idées, plus récemment.

Très probablement, parce que l’antisémitisme se traduit par une mauvaise publicité, mais peut-être aussi à cause de certaines alliances.

René Guénon

Douguine se sent particulièrement inspiré par le traditionalisme.

Ce mouvement ésotérique également connu comme traditionalisme Intégral, ou pérennialisme, s’est développé au cours des années de l’interbellum (de l’entre-deux-guerres, de l’époque communiste et de l’époque moderne).

Principalement, il est basé sur les idées de René Guénon, qui est un métaphysicien français, né en 1886.

Les moyens exotériques de pratiquer le judaïsme, le christianisme et l’islam étaient beaucoup trop limitées pour Guénon.

Son ambition était d’expérimenter une voie détournée de la religion salvatrice, dont la plupart des croyants se contenter.

Voilà pourquoi il a choisi le chemin ésotérique.

Et, il s’est impliqué dans le gnosticisme, la prise de conscience de la présence divine en son sein.

Guénon suppose que la connaissance ésotérique conduirait à ce qu’il a appelé “l’identité suprême”, un concept dans lequel il se montrait un adepte de l’hindouisme.

En outre, Guénon a été impliqué dans la Franc-maçonnerie et le Soufisme.

En fait, il est devenu un musulman.

Certains disent que son dernier mot était “Allah” avant sa mort en 1951. 

[2] (Selon Guénon, on pourrait choisir une religion d’apparence pour sa croyance, et il a choisi l’Islam.Les stratagèmes Soufis)

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Bien qu’inspiré par Guénon, Alexandre Douguine ne s’est jamais tourné vers l’islam.

Au lieu de cela, il appartient à l’Église orthodoxe russe.

Ceci est en aucune contradiction dans la pensée de Douguine, parce que les écrits de Guénon lui ont aussi enseigné la religion d’Ur (religion primitive).

Pour Guénon l’Ur-religion a été la source de toutes les religions à l’aube de l’humanité.

[Le terme Urreligion est né dans le contexte du romantisme allemand]

Cela explique pourquoi les juifs, les chrétiens et les musulmans seront également les bienvenus dans le bloc eurasien, des rêves de Douguine.

Car pour lui ces religions ne sont que des branches de la même source ancienne.

Et, c’est la source de la religion qui compte pour Douguine, comme cela a été pour Guénon.

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Comme le mot l’indique, le traditionalisme rejette toute forme de modernisme.

L’accent du modernisme sur la technique, la science et la pensée rationnelle, ainsi que la notion de progrès, contredit le schéma ésotérique de Guénon.

Douguine avait l’habitude de traduire l’anti-modernisme comme une aversion pour le communisme et l’Union soviétique, bien qu’à l’occasion il les a également défendu – mais, généralement pour des raisons nationalistes.

Aujourd’hui, l’anti-modernisme issu de la pensée traditionaliste est reconnaissable dans la critique de Douguine contre l’Occident.

Guénon n’a peut-être pas eu de mauvaises intentions, bien que ses idées ésotériques ont souvent mal été interprétées, comme cela est souvent le cas avec les concepts occultes. 


[3] (Ivan Aguéli un converti suédois à l’Islam, intéressé par la Kabbalah et un adepte de Al Kabir un Franc-maçon a initié Guénon)

Julius Evola (1898-1974) était un autre métaphysicien qui est devenu étroitement associé au culte du traditionalisme.

Evola est encore plus important pour Alexandre Douguine que Guénon.

Quant à Guénon, l’ésotérisme était aussi le point de départ d’Evola.

Beaucoup de livres ont été publiés sous son nom, sur le tantra, le bouddhisme et le taoïsme.

La différence était qu’Evola a interprété les idées de base de Guénon d’une manière politique, et les a étendues avec une connotation raciale.

La pensée traditionaliste qu’Evola a soutenu était contre celle de l’égalité, le libéralisme, la démocratie et d’autres principes occidentaux.

Au lieu de cela, il a entretenu que l’humanité allait à travers un processus de dégénérescence.

Pour lui tout était lié avec l’ère Kali Yuga, de la dégénérescence humaine, une structure temporelle à long terme dérivée de l’hindouisme.

Pour Evola, seules les valeurs traditionnelles pouvaient détourner la foi humaine de la dégénérescence.

Cela conduirait à l’émergence d’une super race pour lui.

Evola a accueilli le fascisme de Mussolini en Italie.

Il le voyait comme un moyen de se débarrasser des valeurs judéo-chrétiennes et le rétablissement du paganisme.

Plus tard, il a critiqué le fascisme, mais au fil des ans quoiqu’il en soit, il est resté attaché à cette pensée.

Evola est également touché par le national-socialisme et la SS, avec ses rituelles initiatiques, et son système déontologique l’impressionne particulièrement.

Après l’invasion de l’Italie par les forces alliées, Evola a passé le reste de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne.

Là, il a travaillé à Ahnenerbe, l’institut scientifique de la SS.

Ce qui explique pourquoi Alexandre Douguine parle d’Ahnenerbe comme une “oasis intellectuelle”.

Les années après la guerre, Julius Evola est devenu influent dans les milieux néo-fascistes en Italie.

Un de ses partisans convaincus était Stefano Della Chiaie, le cerveau de nombreux attentats à la bombe en Italie, au cours des années 1970 et 1980.

Della Chiaie a été impliqué avec le réseau stay-behind de l’opération Gladio‘ et sa “stratégie de la tension”.

Par le biais d’opérations sous fausse bannière, Gladio a attribué le terrorisme à la gauche afin de manipuler l’opinion publique au profit des partis de droite.

Della Chiaie était une connaissance du criminel turc d’extrême droite Abdullah Çatli.

En 1996, A. Çatli est mort dans le tristement célèbre accident de Susurluk, qui a exposé l’enchevêtrement entre la politique, le crime organisé et les organisations gouvernementales en Turquie.

Avant sa mort, Çatli a été transporté en Amérique du Sud par Della Chiaie.

Là, le terroriste italien a présenté son collègue turc aux dirigeants fascistes de la junte militaire.

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En raison de l’influence d’Evola sur l’extrême droite, le traditionalisme d’Alexandre Douguine semble hautement incompatible avec l’idéologie socialiste de Dogu Perinçek.

En même temps, le marxisme et le kémalisme de Perinçek doivent faire partie des idéologies modernistes rejetées par Douguine.

Cependant, les deux se respectent; il pourraient arriver à un accord et même partageraient un programme politique.

Le mot magique est (néo) nationalisme, parce que cette idéologie est connue pour son pouvoir de construire des ponts, entre les modes de pensée les plus opposés.

Même entre l’extrême droite et la gauche radicale. 


En conclusion une note de David Livingstone dans A Hegelian Dialectic: Liberals vs Conservatives

“Le mouvement de la vérité est corrompu, avec la forme de la pensée dialectique destinée à maintenir le mouvement non seulement divisé, mais incapable d’appréhender la vérité de la conspiration / machination.

 La ruse a réussi à faire que la plupart des gens ont oublié l’une de leurs plus grande leçon de base de l’enfance, que: deux maux ne font pas un droit!

En résumé, les mots dialectiques hégéliennes se représentent comme ceci:

Tout d’abord, une idée est dérivée de la Kabbalah, ce qui justifie son Luciférianisme, en prétendant que le mal fait partie de la création et que le bon sera absent du résultat.

En réalité, le mal n’est pas une force cosmique, mais une résistance ou une contradiction de la vérité cosmique.

En fin de compte, la dialectique hégélienne, comme la Kabbalah, postule que l’histoire évolue, et qu’à la fin la vérité se terminera dans la résolution des contradictions.

Premièrement, une idée commence comme une “thèse”.

Ensuite, elle est opposée par une “anti-thèse”, avant de se résoudre par une “synthèse”.

Dans leur cynisme diabolique, les lucifériens exercent leur influence dans le monde en favorisant les fausses oppositions, afin de forcer le peuple muet à reconnaître les contradictions apparentes, inhérentes à chacun d’eux, et donc les amener à accepter leur fausse solution ou leur synthèse.

Il existe de nombreuses formes actives de la dialectique.

La plus fondamentale, est celle qui a façonné le principe même des sociétés démocratiques occidentales et maintenant le choc des civilisations; qui est le non-sens qu’il existe un conflit entre la religion et la science, afin de produire une “synthèse” comme étant la laïcité.

Mais l’utilisation de la plus puissante dialectique a été la dichotomie entre la gauche politique et la droite.

Ou plus récemment, le débat entre les “libéraux” et les “conservateurs”, représentés, par exemple aux États-Unis, par les partis démocrates et républicains.

Toute personne qui tombe dans le soutien de l’une des factions devient une victime d’une tromperie ou de l’autre.

David Livingstone,

dans A Hegelian Dialectic: Liberals vs Conservatives).

Traduction Dailycensorship de Alexander Dugin and the teachings of Traditionalism [archive], article de Peter Edel le 15 Novembre 2010, sur le site de David Livingstone.

Son nouveau site


Informations supplémentaires

[1] kémalisme

Selon la définition de elections-en-europe.net: Le kémalisme est une idéologie politique définie par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie.

Cette idéologie est dotée de six principes-clés: républicanisme, nationalisme, populisme, laïcité, étatisme et révolutionnarisme.

Le but de Mustafa Kemal était de rompre avec la tradition ottomane et islamique et de faire de la Turquie un pays occidental.  

Selon Wikiped:

Aussi, l’idéologie Kémaliste est fondée sur les principes d’Atatürk.

Elle se résume en six principes fondamentaux appelés les six flèches.  

Évidemment ces deux sources d’informations ne donnent pas tout, donc je peux vous conseiller les liens suivants.  

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[2] Dans, “Les stratagèmes Soufis“ [2013] , David Livingstone écrit ce qui suit.

“La plus importante personne de la transmission du Soufisme vers l’Occident était René Guénon, un membre unique de la Fraternité Hermétique de la Lumière.

Guénon a fondé l’école occulte du Traditionalisme, ce qui suggère que toutes les religions exotériques se partagent en sous-jacence une seule tradition occulte.

Par conséquent, selon Guénon, on pourrait choisir une religion d’apparence pour sa croyance, et il a choisi l’Islam.”Les stratagèmes Soufis.

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[3] L’initiation de Guénon a été effectuée par Ivan Aguéli un converti suédois à l’Islam.

Il était également intéressé par la Kabbalah.

Et, il a servi sous l’autorité des amis de Abdul Qadir al Jazairi, Sheikh Abder Rahman Illaysh al Kabir, un Franc-maçon et le chef de la Maliki Madhhab à l’Université Al Azhar.

Al Kabir, en tant que Franc-maçon, visait à démontrer la relation entre les symboles de la Franc-maçonnerie et de l’islam. – Les stratagèmes Soufis.


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