par David Livingstone
Avec l’aide de Gülen et ses liens avec la Counter-Guerrilla, la branche turque de l’opération Gladio, l’eurasisme s’est également aligné sur les récents projets américains en Asie centrale. [69]
Alexandre Douguine est soupçonné d’avoir dirigé le développement d’Ergenekon, la Contre-Guérilla turque. Elle est employée dans les stratégies relancées de la CIA en Asie centrale. En Turquie, supposément clandestine, l’organisation ultra-nationaliste kémaliste a des liens avec l’armée et les forces de sécurité. [70] Les propos de Douguine, notamment ceux « d’une alliance turco-slave dans la sphère eurasienne », sont devenus populaires parmi les milieux nationalistes turcs, surtout au sein d’Ergenekon.
Soupçonné d’être membre d’Ergenekon, le populaire Dogu Perinçek, le leader du Parti des travailleurs et un collaborateur de Douguine, est arrêté en 2008. Alliant kémalisme et marxisme, il est également néo-eurasiste. Perinçek espère une alliance entre la Turquie, la Russie, l’Iran et les républiques d’Asie centrale contre l’hémisphère occidentale. [71]
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‘Ergenekon‘ tire son nom d’une légende turque, qui décrirait un lieu mythique, situé en Eurasie, dans les vallées inaccessibles des montagnes de l’Altaï. Toutefois, plusieurs savants turcs estiment que la légende est une mystification non basé sur l’histoire ottomane ou avant. [72] Une enquête du gouvernement turc a montré que, comme sur le modèle du synarchisme, le mythe d’Ergenekon est appuyé sur le royaume souterrain mythique d’Agartha, qui a tant fasciné les théosophes, Guénon, Evola et les nazis. Comme le rapporte Wayne Madsen, dans ‘The Dönmeh: The Middle East’s Most Whispered Secret‘, pour la Strategic Culture Foundation, « la description d’Ergenekon correspond parfaitement à la présence des Dönmeh dans la hiérarchie diplomatique, militaire, judiciaire, religieuse, politique, universitaire, commerciale et journalistique de la Turquie. » [74]
Le mouvement Gülen fondé par Fethullah Gülen, un mouvement transnational de la société civique islamique, est inspiré des idées de Gülen. Un grand nombre de partisans en Turquie, en Asie centrale et dans d’autres parties du monde, ont été attirés par ses enseignements sur le hizmet, un service altruiste en faveur du bien commun. Le mouvement est actif dans le domaine de l’éducation, avec des établissements privés, dans plus de 180 pays, et de nombreuses écoles à charte américaine dirigées par ses partisans. Le montant du mouvement s’élève entre 20 et 50 milliards de dollars. [63]
Avant 2013, Gülen était un allié du président turc Erdogan mais, après le prétendu scandale de corruption en Turquie, l’alliance a été rompue. Erdogan a accusé Gülen d’être responsable des enquêtes pour corruption. Gülen s’est exilé volontairement aux États-Unis et réside à Saylorsburg, en Pennsylvanie.
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Les documents présentés par les avocats du Département d’État, en rejet de la demande de visa permanent de Gülen, montrent des preuves de collusion avec la CIA. Certains affirment que le capital du mouvement Gülen a atteint 25 milliards de dollars. Les avocats ont déclaré: ‘Certains prétendent que Gülen a conclu des accords secrets avec l’Arabie Saoudite, l’Iran et des autorités turcs, à cause de l’importante somme d’argent utilisée pour financer ses projets. Il existent des soupçons que la CIA participe au financement de ces projets.’ [76]
Le plus incriminant sont les références fournies par Gülen pour renforcer sa demande de visa, telles que George Fidas, Graham Fuller et Morton Abramowitz. Graham Fuller est mentionné comme l’un des voleurs américains de l’État profond, comme l’a noté la lanceuse d’alerte Sibel Edmonds. Elle avait conçu un stratagème judiciaire coutournant l’ordre de silence, imposé par l’administration Bush, dans lequel elle ne nommait pas les personnes contre lesquelles, elle détenait des éléments incriminants. À la place, elle a fourni des photos anonymes d’eux, sur son site Web, dans une liste nommée « State Secrets Privilege Gallery ». [77]
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Graham E. Fuller est un écrivain et analyste politique américain spécialisé dans « l’extrémisme islamique ». Ancien vice-président du National Intelligence Council, il a aussi été chef de station à Kaboul pour la CIA. Son article « think piece » écrit pour la CIA a été identifié comme ayant eu un rôle déterminant dans l’affaire Iran-Contra. [78] George Fidas a été un employé de la CIA, pendant trente et un ans, tandis que Morton Abramowitz était profondement impliqué avec des moudjahidines afghans et des rebelles du Kosovo. En tant qu’ambassadeur en Turquie, Abramowitz a été remplacé par Marc Grossman, un autre néoconservateur et un israélo-américain. Pendant plusieurs années, Grossman a travaillé sous les ordres d’Abramowitz à Ankara. À cette époque, les États-Unis ont lancé une enquête d’espionnage sur les activités de l’ambassade portant sur le major Douglas Dickerson, expert en acquisition d’armes pour l’Asie centrale. Plus tard, Dickerson et sa femme, traductrice du FBI, sont devenus célèbres, suite à leur tentative de recruter Sibel Edmonds pour espionner ce réseau de criminels. Grossman reçoit actuellement 1,2 million de dollars par an par Ihlas Holding, un groupe turc affilié à Gülen. [79]
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Les idéaux panturquistes de Gülen, projet manifeste de création d’un califat panislamique, dirigé depuis la Turquie, ne sont qu’une composante de la stratégie américaine, de l’après-guerre froide, du contrôle de l’Asie centrale pour contenir la Russie et la Chine. L’invasion de l’Afghanistan est une composante importante de cette stratégie et une extension des plans déjà esquissés par Brzezinski. Les projets visant à affronter la Chine par le soutien du mouvement indépendantiste des Ouïghours, une minorité turque majoritairement musulmane du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, sont liés à la coordination avec le mouvement Gülen. En juillet 2009, le complot de la CIA a culminé avec une série de violences entre les Ouïghours, la police d’État chinoise et les Han chinois du Xinjiang. Comme annoncé en 2004, concernant les mouvements séparatistes au Xinjiang, TurkPulse rapporte:
‘Washington utilise, dans cette histoire, un certain nombre d’Américains d’origine turque pour impliquer la Turquie dans l’affaire du Xinjiang, notamment le Fethullah Gülen.’ [80]
par David Livingstone
Mises à jour et autres
- Partie I: The Dönmeh: The Middle East’s Most Whispered Secret [Le Dönmeh: le secret le plus murmuré du Moyen-orient]. Partie II. [2011]
- Dans une déposition remarquable, une lanceuse d’alerte du FBI, anciennement « bâillonné », détaille le chantage, les pots-de-vin, l’espionnage et la corruption au Congrès. [2009, huffpost]
- La Coalition turque d’Amérique (TCA), dans un article de blog non signé, « déclare la guerre » au témoignage sous serment de Sibel Edmonds. (Edmonds elle-même se trouve être une Turc-Américaine) [2009, BradBlog]
Références de l’article page 2