Alexander Dugin and the teachings of Traditionalism [archive, archive],

de Peter Edel le 15 Novembre 2010,

Alexandre Douguine – Aleksandr Gelyevich Dugin
Né à Moscou le 7 janvier 1962, est un théoricien politique russe.

En Turquie, Dogu Perinçek est connu en tant que leader du Parti des travailleurs [IP].

En 2008, soupçonné d’être membre d’Ergenekon, Dogu Perinçek est arrêté. Selon les procureurs en charge de l’affaire, Ergenekon est un réseau secret, voulant mettre fin au gouvernement actuel en Turquie.

Perinçek combine kémalisme*[1] avec le marxisme.

Dogu Perinçek et photo de Mustafa Kemal Atatürk à l’arrière

Mais, il est aussi un néo-eurasiste, ce qui signifie qu’il tend vers une alliance entre la Turquie, la Russie, l’Iran et les républiques d’Asie centrale contre l’hémisphère occidental.

À plusieurs reprises, Perinçek a fait preuve de respect pour Alexandre Douguine, le leader du mouvement néo-eurasiste international.

Il a été largement médiatisé dans la presse turque, en raison de ses relations avec Doğu Perinçek, mais également parce que le quotidien russe Kommersant l’a qualifié de chef d’Ergenekon. Même si Douguine a démenti cette affirmation, elle demeure intéressante au regard des événements survenus en Turquie.

Les sources d’inspiration de Douguine n’ont pas suscité beaucoup d’attention, contrairement à sa relation avec Doğu Perinçek et à son nationalisme fanatique, ce qui est regrettable car il y a des liens assez intéressants. Des connexions qui incitent à nous interroger sur les motivations de Dogu Perinçek pour rejoindre Douguine.

Hommage à Heydrich

Selon Alexandre Douguine le nationalisme, l’aversion à l’occident, le socialisme, le fascisme et le socialisme national vont main dans la main.

Il a participé au programme politique du parti communiste russe, nouvellement fondé, mais aussi a ‘prophétisé’ l’avènement du fascisme révolutionnaire en Russie. En même temps, Douguine est l’un des plus fervents défenseurs de l’expansionnisme russe et des valeurs de la Russie tsariste.

À une époque, il a travaillé pour le KGB, l’unité de renseignement soviétique. Plus tard, il a été membre fondateur du Parti National Bolchevique (NBP). Eduard Limonov, le chef de ce parti, a combiné des avis sur l’ancienne Union soviétique avec un symbolisme, qui aurait séduit Adolf Hitler.

Militante du parti national-bolchévique, avec un livre d’Edouard Limonov, « L’Autre Russie ».
Source photo: ICI

Limonov a simplement pris la croix gammée du drapeau nazi et l’a remplacée avec le marteau et la faucille soviétique.

1993 – Fondation du parti national-bolchévique avec la star du punk Égor Letov, et le philosophe Alexandre Douguine, qui quittera le parti en 1998.

Source photos ici: ICI

Plus tard, Douguine s’est détourné de Limonov. Aujourd’hui, ils diffèrent beaucoup, car Limonov est un opposant déclaré à Vladimir Poutine, alors que Douguine est en accord avec le Premier ministre russe. Mais, au delà de leurs différences, Douguine et Limonov ont beaucoup en commun, comme une fascination pour le national-socialisme.

Douguine aime à se voir comme l’héritier de « l’ordre eurasien antique ». Il a décrit ces questions dans « La Grande Guerre des Continents » [1992]. Selon cette propagande du mouvement Douguine, des éléments de l’eurasisme étaient déjà présents dans le Sicherheitsdienst (SD), la SS, le service secret du corps d’élites nazies.

Pour Douguine, Reinhard Heydrich, le tueur Juif et un chef SS, était un « Eurasiste convaincu ». Il a déclaré que Heydrich est devenu victime d’une « intrigue des Atlanticides ». Avec cet hommage à l’esprit d’Heydrich, il n’est pas étonnant d’apprendre que Douguine a souvent été accusé d’antisémitisme, même s’il semble s’être éloigné de ces idées plus récemment. Sans doute parce que l’antisémitisme se traduit par une mauvaise publicité mais, peut-être, aussi à cause de certaines alliances.

René Guénon

Douguine se sent particulièrement inspiré par le traditionalisme. Ce mouvement ésotérique, également connu comme traditionalisme Intégral ou Pérennialisme, s’est développé au cours des années de l’interbellum [entre-deux-guerres de l’époque communiste et de l’époque moderne]. Principalement, il est basé sur les idées de René Guénon, qui est un métaphysicien français né en 1886.

Les moyens exotériques de pratiquer le judaïsme, le christianisme et l’islam étaient beaucoup trop limitées pour Guénon. Son ambition était d’expérimenter une voie détournée de la religion salvatrice, dont la plupart des croyants se contenter. C’est pourquoi il a choisi le chemin ésotérique. Et, il s’est impliqué dans le gnosticisme, la prise de conscience de la présence intérieur de la divinité.

Guénon suppose que la connaissance ésotérique conduirait à ce qu’il a appelé « l’identité suprême », un concept dans lequel il s’est montré un adepte de l’hindouisme. En outre, il a été impliqué dans la Franc-maçonnerie et le Soufisme. En fait, il est devenu musulman. Certains disent que son dernier mot était « Allah » avant sa mort en 1951. 

[Selon Guénon, on pouvait choisir une religion d’apparence pour sa croyance. Et il a choisi l’Islam. – Les stratagèmes Soufis]

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Bien qu’inspiré par Guénon, Alexandre Douguine ne s’est jamais tourné vers l’islam. Au lieu de cela, il appartient à l’Église orthodoxe russe. Ceci n’entre en aucune contradiction avec la pensée de Douguine, parce que les écrits de Guénon lui ont aussi enseigné la religion d’Ur (religion primitive). Pour Guénon la Ur-religion a été la source de toutes les religions à l’aube de l’humanité.

[Le terme Urreligion est né dans le contexte du romantisme allemand]

Cela explique pourquoi les juifs, les chrétiens et les musulmans seront également les bienvenus dans le bloc eurasien des rêves de Douguine. Car pour lui ces religions ne sont que des branches de la même source ancienne. Et, c’est la source de la religion qui compte pour Douguine, comme jadis pour Guénon.

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Comme le mot l’indique, le traditionalisme rejette toute forme de modernisme. L’accent du modernisme sur la technique, la science et la pensée rationnelle, ainsi que la notion de progrès, contredit le schéma ésotérique de Guénon.

Douguine avait l’habitude de qualifier l’anti-modernisme d’aversion pour le communisme et l’Union soviétique même si, parfois, il les a défendus, mais généralement pour des raisons nationalistes.

Aujourd’hui, l’anti-modernisme issu de la pensée traditionaliste est reconnaissable dans la critique de Douguine contre l’Occident.

Bien que ses idées ésotériques ont souvent été mal interprétées, comme c’est souvent le cas avec les concepts occultes, Guénon n’a peut-être pas eu de mauvaises intentions.


[[3] – Guénon a été initié par Ivan Aguéli un converti suédois à l’Islam et un Franc-maçon. il était un adepte de Al Kabir et s’intéressait à la Kabbalah.]

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Julius Evola (1898-1974) était un autre métaphysicien qui est devenu étroitement associé au culte du traditionalisme. Evola est encore plus important pour Alexandre Douguine que Guénon. Par apport à Guénon, l’ésotérisme fut aussi le point de départ d’Evola. Beaucoup de livres ont été publiés sous son nom, sur le tantra, le bouddhisme et le taoïsme. La différence était qu’Evola a interprété les idées de base de Guénon d’une manière politique. Et, il les a étendues avec une connotation raciale.

La pensée traditionaliste soutenue par Evola était contre celle de l’égalité, le libéralisme, la démocratie et d’autres principes occidentaux. Au lieu de cela, il a entretenu que l’humanité passait par un processus de dégénérescence. Pour lui, tout était lié avec l’ère du Kali Yuga de la dégénération humaine, une structure temporelle d’une longue durée dérivée de l’hindouisme.

Selon Evola, seules les valeurs traditionnelles détourneraient la foi humaine de la dégénérescence pour aboutir à l’émergence d’une super race.

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Evola a accueilli le fascisme de Mussolini en Italie. Il le voyait comme un moyen de se débarrasser des valeurs judéo-chrétiennes et le rétablissement du paganisme. Plus tard, il a critiqué le fascisme mais, au fil des ans, quoiqu’il en soit, il est resté attaché à cette pensée.

Evola est aussi touché par le national-socialisme et la SS, avec ses rituels initiatiques et son système déontologique, qui l’ont particulièrement impressionné. Après l’invasion de l’Italie par les forces alliées, Evola a passé le reste de la Seconde Guerre mondiale en Allemagne. Là, il a travaillé à Ahnenerbe, l’institut scientifique de la SS.

Ce qui explique pourquoi Alexandre Douguine parle d’Ahnenerbe comme une « oasis intellectuelle ».

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Les années après la guerre, Julius Evola est devenu influent dans les milieux néo-fascistes en Italie. Un de ses partisans convaincus était Stefano Della Chiaie, le cerveau de nombreux attentats à la bombe en Italie des années 1970 et 1980. Della Chiaie a été impliqué dans le réseau ‘stay-behind de l’opération Gladio’ et sa ‘stratégie de la tension’. Dans le cadre d’opérations sous fausse bannière, Gladio a attribué le terrorisme à la gauche pour manipuler l’opinion publique au profit des partis de droite.

Della Chiaie était une connaissance de Abdullah Çatli, un criminel turc d’extrême droite. En 1996, A. Çatli décède dans le tristement célèbre accident de Susurluk, qui a exposé l’enchevêtrement entre la politique, le crime organisé et les organisations gouvernementales en Turquie. Auparavant, Çatli a été transporté en Amérique du Sud par Della Chiaie. Là, le terroriste italien a présenté son collègue turc aux dirigeants fascistes de la junte militaire.

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En raison de l’influence d’Evola sur l’extrême droite, le traditionalisme d’Alexandre Douguine semble hautement incompatible avec l’idéologie socialiste de Dogu Perinçek. En même temps, le marxisme et le kémalisme de Perinçek doivent faire partie des idéologies modernistes rejetées par Douguine.

Cependant, les deux se respectent. Il pourraient arriver à un accord et même partageraient un programme politique. Le mot magique est (néo) nationalisme, parce que cette idéologie est connue pour son pouvoir de construire des ponts, entre les modes de pensée les plus opposés. Même entre l’extrême droite et la gauche radicale.

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Article de Peter Edel le 15 Novembre 2010,

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Mises à jour et autres
  • [1] kémalisme* 

Elections-en-europe décrit le kémalisme en une idéologie politique définie par Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République de Turquie. Elle est dotée de six principes-clés: républicanisme, nationalisme, populisme, laïcité, étatisme et révolutionnarisme. Le but de Mustafa Kemal était de rompre avec la tradition ottomane et islamique et de faire de la Turquie un pays occidental.  

  • Selon Wikiped, l’idéologie Kémaliste est fondée sur les principes d’Atatürk. Elle se résume en six principes fondamentaux appelés les six flèches.  
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“La plus importante personne de la transmission du Soufisme, vers l’Occident, était René Guénon, un membre unique de la Fraternité Hermétique de la Lumière. Guénon a fondé l’école occulte du Traditionalisme, ce qui suggère que toutes les religions exotériques se partagent en sous-jacence une seule tradition occulte. Par conséquent, selon Guénon, on pourrait choisir une religion d’apparence pour sa croyance, et il a choisi l’Islam.”

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  • [3] L’initiation de Guénon a été effectuée par Ivan Aguéli un converti suédois à l’Islam. Il était aussi intéressé par la Kabbalah. Il a servi sous l’autorité des amis de Abdul Qadir al Jazairi, Sheikh Abder Rahman Illaysh al Kabir, un Franc-maçon et le chef de la Maliki Madhhab à l’Université Al Azhar. Al Kabir, en tant que Franc-maçon, visait à démontrer la relation entre les symboles de la Franc-maçonnerie et de l’Islam. [Les stratagèmes Soufis – 2016]

Tag: A. Douguine / Gladio

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